#7. Hébergement et insertion
Depuis le 18 mars dernier, le chantier Saint-Vincent-de-Paul est à l'arrêt. P&Ma n'est pas actuellement en mesure de communiquer une date de reprise des travaux.
Lors de la dernière Nuit de la Solidarité, plus de 3600 personnes sans domiciles fixes ont été décomptées dans l’espace public parisien, sans solution d’hébergement ce soir-là. Comment accueillir et accompagner les personnes en situation de grande précarité ? Les Petites Conférences, pour leur septième rendez-vous, ont mis en lumière la complexité des situations et l’efficacité avérée de certaines solutions.
Sortir de la rue les personnes en situation de grande précarité impose un suivi dans la durée et le croisement de politiques d’hébergement et d’insertion par l’emploi, étroitement corrélées. Différentes démarches s’articulent, portées par les acteurs publics et associatifs. La Petite Conférence #7, Hébergement et insertion témoigne de quelques-unes d’entre elles.
Les bénéfices de l’intégration des centres d’hébergement dans un environnement vivant et inclusif, comme les Grands Voisins, sont unanimement reconnus. William Dufourcq, directeur de sites pour l’association Aurore, a notamment insisté sur l’intérêt que représentait pour les hébergés la cohabitation avec les collaborateurs d’Aurore, de Yes We Camp, de Plateau urbain ou avec les entreprises implantées. Plus de 1 000 personnes ont travaillé sur le site au plus fort de son activité, sans compter les visiteurs, de tous horizons et origines. Des opportunités de socialisation et d’insertion professionnelle s’offraient ainsi aux hébergés, car les entreprises du site ont été les premières à leur accorder leur confiance. Cette dynamique d'ouverture et de rencontres a été de surcroît propice à l'acceptation du centre d’hébergement d’urgence par le voisinage.
Aux Cinq Toits, dans le 16e arrondissement, le modèle se reproduit à l’initiative des mêmes acteurs associatifs. Sans conflit de voisinage, au contraire, a souligné William Dufourcq. Plus de 100 bénévoles issus des quartiers avoisinants contribuent à la vie d’un centre d’hébergement de 350 places.
Aux Grands Voisins comme aux Cinq Toits, l’insertion professionnelle des résidents a pu recourir au Dispositif Premières Heures (DPH). Cette mesure, ciblant les personnes les plus éloignées de l’emploi, finance leur rémunération contre un accueil en milieu professionnel. Ce sont principalement des structures partenaires de la Ville – essentiellement des associations à but non lucratif – qui les embauchent. Sur un an, à raison de 1 à 72 heures par mois, 400 personnes à Paris ont été accueillies dans un cadre de travail très tolérant à l’égard de leurs difficultés d’adaptation. Collaboration avec un fleuriste ou d’autres artisans, emploi dans la restauration, entretien de voirie… des activités diverses sont proposées aux bénéficiaires du DPH. Ce temps de réadaptation est indispensable, pour Coline Berthaud, responsable du pôle Insertion par l’Activité Économique, de la Ville de Paris, avant d’intégrer des dispositifs d’insertion professionnelle plus classiques.
Beaucoup des participants à la soirée l’ignoraient, les bailleurs sociaux prennent aussi leur part dans la résolution du problème de l’hébergement d’urgence. À Paris, depuis des années, certains créent dans ce but des lieux temporaires. Ainsi, Paris Habitat les aménage dans des bâtiments en devenir – par exemple des bureaux destinés à être reconvertis en logements sociaux – le temps des phases pré-opérationnelles (études, démarches administratives…). Pour quelques années, ces sites sont confiés à des associations, partenaires spécialisés. Ils accueillent des réfugiés, des familles vivant à l’hôtel, des personnes en insertion professionnelle… dans une cohabitation harmonieuse avec le quartier, quel qu’il soit, malgré parfois des réactions négatives à l’annonce des projets. « La dimension du centre d’hébergement, précise Hélène Schwœrer directrice adjointe de Paris Habitat, joue un rôle dans l’intégration des programmes ». Les riverains de celui qui a accueilli 200 personnes, dans le secteur Trinité du 9e arrondissement, n’avaient pas même décelé sa présence. Dans le futur quartier Saint-Vincent-de-Paul, le programme de logements sociaux développé de Paris Habitat intègrera, lui, des structures dédiées, pérennes cette fois : un centre d’hébergement d’urgence de 55 places et une maison relais de 25 places.