Le processus de concertation du projet Saint-Vincent-de-Paul initié en 2014 — et mené deux années durant — a associé riverains et Parisiens, associations, instances de démocratie locale et élus, à l’initiative de la mairie du XIVe arrondissement et de la mairie de Paris. Il s’est appuyé sur des réunions publiques, des ateliers participatifs pour mener un travail d’approfondissement, des marches commentées, une plateforme participative, des réunions du Comité d’organisation de la concertation (COC) et une exposition publique pour en partager les acquis.
La démarche s’est déroulée en deux cycles, chacun correspondant à un temps majeur du projet. Le premier, de décembre 2014 à avril 2015, s’organisait autour des objectifs fixés par la Ville de Paris et de l’étude de faisabilité de l’atelier Xavier Lauzeral en vue de l’évolution du PLU. Le second, de décembre 2015 à juin 2016, engageait la discussion autour du projet de l’équipe de maîtrise d’œuvre urbaine Anyoji Beltrando.
Le Bilan du premier cycle de concertation rappelle, en ouverture, les objectifs du projet d’aménagement poursuivis par la Ville, et précisés par la délibération 2014 DU 1113 :
Suite à l’étude de faisabilité menée par l’atelier Lauzeral, Ville Ouverte, agence de médiation chargée de la mise en œuvre du premier cycle de concertation, a identifié six invariants :
Le Bilan rappelle que « dès le lancement de la concertation, des membres associatifs du COC ont contesté les objectifs de la Ville de Paris. L’Association pour le Quartier Saint-Vincent-de-Paul « a contesté et regrette toujours les invariants qui ont trop contraint les réflexions et d’où découlent, en particulier et à son sens, une trop grande densité, une quote-part trop importante de logement et une proportion excessive de logements réservés au secteur social (70%) privilégiant parmi les logements sociaux (50%) les catégories les moins favorisées — PLAI et PLUS. »
Le Bilan note que « L’Association pour le Quartier Saint Vincent de Paul semble confondre les logements intermédiaires (20% prévus sur le site) et les logements sociaux (50%). »
Lors de ce premier cycle de concertation, les participants se sont exprimés sur les objectifs du projet et la qualification des usages futurs du site. Ils ont émis plusieurs propositions synthétisées en trois objectifs : la qualité de vie et de ville, le vivre ensemble et le respect de l’environnement. Ceux-ci ont été déclinés en orientations à suivre et en propositions détaillées, reprises par la suite dans le projet de l’agence Anyoji Beltrando. Elles peuvent être rappelées synthétiquement à travers des thématiques d’ensemble :
Les participants ont insisté sur la création d’un quartier sobre, privilégiant la conservation de certains bâtiments et la récupération des matériaux de déconstruction.
L’agence Anyoji Beltrando fait le choix de réutiliser l’existant à travers la conservation de la trame des allées de l’ancien hôpital, les arbres existants, et la rénovation de plusieurs bâtiments : l’Oratoire, Robin, la Maison des Médecins, Lelong et Pinard.
La volonté de déplacements apaisés à l’intérieur du site s’est exprimée, avec une entrée principale avenue Denfert-Rochereau et une secondaire rue Boissonade. La création de liens, à travers la Fondation Cartier vers le boulevard Raspail, et vers la rue Boissonade, le long du couvent de la Visitation, s’est révélée importante pour les participants.
Les concepteurs optent pour la création de quatre entrées pour accéder au site : une principale, circulable, sur l’avenue Denfert Rochereau, deux entrées piétonnes sur la même avenue et une entrée réservée aux circulations douces rue Boissonade. Parallèlement, les continuités entre l’espace public et la cour Robin sont favorisées. Une boucle de desserte interne offre une « zone de rencontre » apaisée, faisant cohabiter les différents modes de déplacement au sein de l’écoquartier.
Un souhait a porté sur l’implantation d’activités économiques et productives, ainsi que de commerces en rez-de-chaussée. Il s’illustre dans la création d’une « place centrale de village », avec un café-restaurant participant à l’animation du site. La façade Denfert devant, elle, s’ouvrir sur le quartier et accueillir des activités, notamment en lien avec la nature en ville. Une programmation culturelle complémentaire à la Fondation Cartier contribuant, elle, à la fréquentation du site.
Le site sera animé par la création de surfaces dédiées à l’agriculture urbaine et l’installation d’un café-restaurant. L’espace ouvert au cœur du quartier se composera d’un grand espace vert central additionné des cours intérieures des différents îlots, ce qui permet d’augmenter de 2 000 m2 la surface d’espaces extérieurs végétalisés.
La réalisation d’un espace public paysager à l’abri de la circulation a été également fortement souhaitée. Celui-ci proposerait une diversité d’ambiances, privilégiant des porosités visuelles vers les jardins voisins et le maintien d’un lien physique entre l’espace public et les cours de la façade Denfert. Les participants ont également insisté sur la limitation de la densité, privilégiant les hauteurs les plus importantes en cœur de site pour les faire décroître progressivement aux limites du quartier.
L’agence Anyoji Beltrando confirme le choix de hauteurs de bâtiment plus importantes en cœur d’îlot et réduites sur les rives (avenue Denfert Rochereau et rue Boissonade) tout en favorisant l’ensoleillement des cœurs d’îlot et de l’espace public.
Enfin, l’aménagement du quartier a été perçu comme l’occasion d’expérimenter de manière temporaire la mise en place d’activités associatives et coopératives, afin de générer des liens sociaux entre habitants du quartier. Certaines de ces activités (culturelles, sportives, agriculture urbaine) pourraient éventuellement se pérenniser dans le futur quartier.
Le second cycle de concertation a précisé la configuration et les usages des espaces publics ainsi que la programmation des rez-de-chaussée du projet Saint-Vincent-de-Paul.
La majorité des voix se sont exprimées en faveur d’un espace public central présentant une variété d’ambiances, validant le parti-pris d’une boucle périphérique en tant que « zone de rencontre ». Il a été souhaité que l’attention la plus fine soit accordée au choix de la végétation afin de préserver l’ensoleillement et de différencier les ambiances des cours.
La création d’un espace de convivialité et de rencontre sur le site est fortement attendue. Les cours anglaises peuvent y contribuer grâce à l’accueil d’activités diverses non marchandes et d’une offre de services et de commerces (cour du bâtiment Robin) contribuant à l’animation du quartier. Parallèlement, deux souhaits se sont manifestés. Celui d’une mutualisation des équipements sportifs et jeux d’enfants et celui d’un lieu culturel et festif dans la salle des couveuses du bâtiment Oratoire.
Complémentairement aux questions touchant à l’espace public et à la programmation des rez-de-chaussée, le bilan de la concertation a synthétisé les principales propositions des habitants, accompagnées des réponses apportées par l’agence de maîtrise d’œuvre urbaine Anyoji Beltrando.
Les participants à la concertation préconisent une mixité des types de logements à l’échelle des îlots.
La mixité des types de logement est confirmée et répartie sur l’ensemble de l’opération.
Les participants ont émis un avis favorable quant à la conservation du bâtiment Pinard qui intégrera différents équipements participant à l’animation du quartier, notamment à l’occasion de l’ouverture de la cour d’école en dehors des temps scolaires. L’emplacement du local destiné à la Direction de la Propreté et de l’Environnement est débattu avec la préoccupation du trafic de véhicules de services qu’il pourrait engendrer.
L’ouverture de la cour d’école sera étudiée en lien avec les services de la ville de Paris. Par ailleurs, la DPE sera installée dans l’îlot Denfert.
Un équipement culturel dans le quartier Saint-Vincent-de-Paul contribuerait à l’animation urbaine. Le souhait formulé par la Fondation Cartier d’une extension éventuelle ne fait pas l’objet d’objection sous réserve que des liens physiques et symboliques soient noués avec le quartier.
Les participants, soucieux de l’animation et de la mixité du quartier engagent une réflexion sur la présence de commerces de proximité, de lieux culturels et de convivialité (salle des couveuses) et sur des espaces publics en lien avec cette programmation. Ils se préoccupent toutefois de la cohabitation de certaines activités avec l’environnement résidentiel du quartier et souhaitent que cette contrainte soit considérée dans toute réflexion programmatique. Cette demande vise notamment la maison des Médecins et la cour de l’Oratoire. Les participants s’accordent par ailleurs autour de l’accueil dans les cours anglaises de structures diverses (associatives, co-working, etc.) bénéficiant de baux avantageux.
Les cours anglaises offrent l’opportunité de créer des nouvelles activités dans le quartier. L’îlot Robin peut accueillir commerces et activités en rez-de-chaussée. La salle des couveuses est désignée en tant que lieu culturel tandis que la programmation de la maison des Médecins reste à préciser.
Certains participants s’inquiètent de l’impact de la conservation des bâtiments sur les hauteurs des nouvelles constructions. L’implantation de ces dernières dans le projet Saint-Vincent-de-Paul est également abordée.
Les îlots et bâtiments seront soumis à des concours d’architectes. Les bâtiments Lelong et Pinard seront conservés et transformés. Les bâtiments hauts seront privilégiés en cœur de site.
Les participants revendiquent un quartier apaisé où la circulation est limitée grâce à la création d’une « zone de rencontre ». Sur le plan du stationnement, ils réclament une offre suffisante, notamment en souterrain, destinée aux résidents et visiteurs.
La réalisation d’une boucle de circulation telle une « zone de rencontre » favorisant les mobilités douces et minimisant la voiture est confirmée. L’hypothèse, avancée par l’agence Anyoji Beltrando, d’un second parking est en revanche contestée par une partie des participants.
Les propositions émises à propos de l’ouverture à l’extérieur de l’espace public central, permettant la traversée piétonne et cycliste du quartier, reçoivent un accueil favorable. L’accessibilité des cours est également souhaitée sur le principe mais à des conditions finement étudiées. La végétalisation de l’espace public est souhaitée. Elle passe par la préservation des arbres du site et l’aménagement d’espaces de jardinage partagés au niveau du sol et en toiture.
Voir également le site de la concertation menée de 2015 à 2016
À l’issue du second cycle de concertation, la Ville a effectué de nouveaux choix programmatiques qui résultent d’ambitions environnementales confortées et intègrent le renoncement de la Fondation Cartier à une éventuelle extension sur le site de Saint-Vincent-de-Paul.
Il en résulte deux évolutions majeures :
1. L’évolution des surfaces dédiées aux différents programmes en faveur d’une plus grande prise en compte des enjeux de développement durable :
2. La création d’un grand équipement privé d’intérêt général de type CINASPIC (Constructions et Installations Nécessaires Aux Services Publics d’Intérêt Collectif), préférentiellement au sein de l’îlot Denfert.
Ces évolutions ont été partagées lors des comités d’organisation de la concertation en avril et mai 2016 et présentées lors d’une exposition publique (11 mai-1er juin 2016).
Télécharger le bilan de la concertation
Deux ans après le dernier cycle de concertation, la réunion d’information publique du 7 mars 2018, organisée à la mairie du 14e arrondissement, marque le lancement d’une nouvelle étape de participation citoyenne et d’information. Celle-ci se déroulera selon deux modes de rencontres : ateliers participatifs et conférences d’experts (voir page Démarches)