La recette des Alchimistes
Deux ans durant, les Alchimistes ont développé aux Grands Voisins une activité de transformation en compost de biodéchets collectés localement. Alexandre Guilluy président et cofondateur de l’entreprise, revient sur cette expérience.
Qu’est-ce que le compostage urbain ?
Les déchets d’origine végétale ou animale, appelés aussi biodéchets ou déchets organiques, représentent 30% des poubelles françaises et sont incinérés à 90%. Or, ils peuvent être recyclés et valorisés localement ! C’est ce à quoi nous nous consacrons depuis un peu plus de deux ans maintenant. Nous collectons à Saint-Vincent-de-Paul et à proximité des résidus alimentaires auprès d’acteurs de la restauration notamment et les transformons en compost. Un engrais totalement naturel, revendu ensuite à des particuliers, associations, entreprises… dans une logique de circuit court.
Quand êtes-vous arrivés aux Grands Voisins, et pourquoi ?
Immédiatement après notre création, les Grands Voisins ont été notre toute première implantation. Nous avons postulé auprès d’eux car nous partagions les mêmes valeurs de transition écologique, équité sociale, ouverture, bienveillance, convivialité et… nous n’avons pas été déçus. Dans cet esprit, nous avons intégré un écosystème de partenaires. Nos bureaux étaient implantés au sein de La Ruche, l’espace de coworking des Grands Voisins. Nous avons collaboré avec Biocycle, une association de lutte contre le gaspillage alimentaire à travers la redistribution d’invendus à des associations caritatives. Nous avons transporté les déchets grâce à B-Moville, entreprise de transport urbain écoresponsable en vélo biporteur, triporteur et scooter électrique. Nous avons aussi recyclé les déchets organiques du restaurant des Grands Voisins, de la micro-brasserie Bagarre ou de la coopérative Food de rue, qui accompagne des femmes éloignées de l’emploi vers les métiers de l’alimentation et de l’entrepreneuriat. Et ce ne sont, là, que des exemples parmi d’autres ! Grâce à ce tremplin, nous sommes maintenant présents dans les 18e et 19e arrondissements de Paris, à l’Île-Saint-Denis, à Lyon, Toulon, Toulouse et bientôt à Lille. Nous venons de quitter les Grands Voisins car nous y étions à l’étroit, mais nous continuons de collaborer professionnellement avec Aurore, Plateau urbain et Yes We Camp.
Au-delà de cette collaboration avec les Grands Voisins, quel regard portez-vous plus globalement sur cette expérience ?
Des initiatives comme celle des Grands Voisins devraient se multiplier car elles permettent de valoriser, non seulement économiquement, mais aussi socialement, des sites en mutation dont les villes regorgent. L’exception doit devenir la règle, l’occupation éphémère étant une manière intelligente et productive de les rentabiliser.
Après l’expérience de la friche urbaine, votre activité peut-elle trouver sa place dans un quartier habité ?
Avec notre développement, l’échelle de la micro-entreprise a été dépassée. Nous recherchons désormais des sites dont la taille n’est plus compatible avec une localisation en pleine ville. À l’Île-Saint-Denis, le terrain occupé est vingt fois plus grand que celui de Saint-Vincent-de-Paul. Ceci-dit, nos déchets voyagent beaucoup, trop, actuellement et le compostage in situ, au sein d’un quartier, est techniquement possible et souhaitable. Nous utilisons des composteurs électromécaniques, des machines peu encombrantes avec, comme avantages majeurs, l’absence de nuisances olfactives et une durée de processus maîtrisée. D’autres entreprises peuvent adopter cette technologie et l’exploiter en milieu urbain.