Réemploi des matériaux

Se servir pour resservir

24 septembre 2020

© Catherine Griss


Dans une matériauthèque créée au sous-sol du bâtiment Pinard, les concepteurs des immeubles du quartier choisissent des matériaux provenant des déconstructions en cours. Pour leur donner une seconde vie.

Au printemps, une phase de curage a concerné plusieurs bâtiments : Colombani, démoli en début d’été, Petit et CED, dont la démolition est programmée prochainement. Tous les éléments non structurels tels que radiateurs, fenêtres, portes et portes de placards, luminaires, matériel électrique, vasques de toilettes, plomberie… sont démontés, « déposés » dans le langage technique.

Une partie de ces matériaux a été directement récupérée par des porteurs de projets, associations ou professionnels, lors de journées de dépose collaborative organisées par Mobius, le coordonnateur de la démarche de réemploi. Ainsi, des fenêtres formeront une serre, un ancien parquet couvrira d’autres sols, un faux plafond acoustique et une signalétique de sécurité incendie seront réinstallés ailleurs… Des portes seront même transformées en mobilier dans le cadre du projet « Ceci n’est pas une porte », lauréat de Faire 2019. Lire l'article du blog.

Mais, l’essentiel des matériaux collectés a été stocké au sous-sol du bâtiment Pinard, préservé dans le cadre du projet. Ils constituent une matériauthèque à la disposition des concepteurs du futur quartier saint-Vincent-de-Paul. Après une visite collective du lieu durant l’été, ceux-ci ont fait émerger des hypothèses de travail que l’avancement des projets pour les différents îlots permettra de valider. Par exemple, la charpente de CED — du bois d’excellent qualité — pourrait se transformer en éléments de mobilier pour l’un des nouveaux programmes du site. Dans le futur îlot Petit, des fenêtres en aluminium pourraient devenir jardin d’hiver et des pierres de revêtement habiller le couronnement de l’édifice.

Dans cette collection hétéroclite de matériaux, on trouve de nombreux radiateurs en fonte et en acier. Ils incarnent à eux seuls tout l’enjeu environnemental de la démarche. Ils représentent un poids élevé en équivalent CO2, à savoir la quantité de carbone produite pour les fabriquer. Les réutiliser en tant que tels, c’est, en quelque sorte, piéger autant de carbone dans les futurs immeubles du quartier.


© Catherine Griss


D’autres matériaux seront réemployés sous une autre forme. Broyées, les structures des bâtiments déconstruits (murs, poteaux et planchers) serviront de matériau de remblais. Le procédé est habituel dans la construction, mais ici, la production, plutôt que d’être acheminée sur un chantier lointain, trouvera un usage in situ. Une démarche plus expérimentale, à l’étude, concernera le bâtiment Rapine, à déconstruire. Le béton récupéré sera réduit en granulats (fragments de roche) et réutilisé pour produire… du béton, un mode de recyclage lui aussi économe en ressources.


© Catherine Griss

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