Intensifier l’usage des équipements publics
Au terme d’une concertation avec les habitants du 14e arrondissement, la conception de l’îlot Pinard se poursuit. Une consultation de maîtrise d’œuvre a été lancée cet été. Les concepteurs retenus auront à inventer, avec la Ville de Paris et l’aménageur, PBA, un modèle original d’équipement public.
L’ambition du projet Saint-Vincent-de-Paul de réinterroger la manière de faire la ville s’interprète dans le futur quartier de multiples façons. Ainsi l’équipement hébergé au sein de l’îlot Pinard se distinguera par la pluralité de ses fonctions et la mutualisation de ses espaces. L'îlot Pinard réhabilité accueillera un gymnase, une crèche, un groupe scolaire de huit classes, ainsi que des locaux d’activités en rez-de-chaussée et sous-sol. Plutôt que des équipements juxtaposés, différentes formes d’interaction et de mutualisation seront recherchées. Cette optimisation des locaux répond à la fois à un objectif de rationalisation de la gestion et d’intensification des usages.
Deux types de mutualisation sont prévues. Une mutualisation interne d’abord. La crèche, l’école et le gymnase pourront partager des espaces tels que le pôle médico-social, l’espace restauration, la buanderie ou encore des locaux techniques. Une centaine de mètres carrés pourront ainsi être économisés et redéployés pour d’autres usages. Une mutualisation externe ensuite. Si le gymnase est par nature déjà ouvert tout au long de la journée et de la semaine à une multiplicité d’usagers publics, associatifs, privés… de manière plus inhabituel, la crèche et l’école ouvriront eux aussi certains de leurs espaces au quartier. En plus des activités périscolaires et municipales classiques qui s’y déroulent déjà, de multiples utilisations citoyennes, culturelles, récréatives pourront se dérouler en soirée ou le week-end, dans le réfectoire, la cour et le préau de l’école ou dans des salles polyvalentes…. Les jeunes enfants pourraient, eux, investir la cour et la ludothèque de la crèche en dehors de ses horaires d’ouverture.
Cette approche innovante rationalise les surfaces, étend les plages d’occupation des équipements, élargit l’éventail de leurs utilisateurs tout en contribuant à l’intensification de la vie locale.
Un processus de projet complexe
Face aux exigences de la conception de l’îlot Pinard, PBA et la Ville de Paris ont adopté une procédure de « dialogue compétitif ». Trois équipes pluridisciplinaires de concepteurs élaboreront chacune un projet à partir de novembre prochain dans un échange permanent avec l’aménageur et les directions de la Ville de Paris. Elles préciseront la nature des espaces mutualisables et leurs programmes. Charge à elles, aussi, d’imaginer le fonctionnement autonome ou commun des différentes composantes du site. Le cahier des charges soumis aux trois équipes sera nourri des apports de la concertation menée courant 2018 avec les riverains et les habitants du 14e arrondissement.
Le dialogue compétitif représente un gage de diversification des approches et d’élargissement des perspectives de programmation. Des propositions variées et innovantes sont notamment attendues sur la création de « tiers-espaces ». Complémentaires à la programmation classique de la crèche, de l’école et du gymnase, ces lieux en maximiseront le potentiel de mutualisation et accueilleront des activités à inventer pour un site encore plus animé et vivant.
En septembre 2019, un lauréat sera désigné avec la contribution des habitants. La programmation de l’îlot Pinard sera alors stabilisée en capitalisant sur la masse de réflexions produites par les équipes. Le démarrage des travaux est prévu au premier trimestre 2020 pour une ouverture des équipements à la rentrée 2023.
Un patrimoine réinterprété et pérennisé
Emblématique sur le plan programmatique, le projet de l’îlot Pinard l’est également d’un point de vue architectural. L’équipement mutualisé prendra place au sein d’un ensemble livré en 1934, aujourd’hui réinvesti. Sa modularité initiale s’avère a posteriori une ressource précieuse au regard des perspectives de mutualisation. Les façades caractéristiques en briques blondes seront intégralement préservées, valorisant ainsi un patrimoine architectural parisien distinctif. Seul un bâtiment ajouté dans les années 1970 sera démoli et reconstruit. Le parking souterrain, désormais inutile, cédera, lui, la place au gymnase. La rénovation de l’îlot se fera dans le respect des exigences environnementales de l’opération : neutralité carbone, performance énergétique, collecte des eaux de pluie, matériaux bio-sourcés, réalisation de toitures végétalisées…